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Fan d'Eric et Ramzy. Et il n'y a pas plus critique qu'un fan. On s'attache, on espère, on exige. J'adore ces mecs et leurs textes me font vriller les synapses avec délice. Au cinéma, je n'ai pas tout vu, mais "La tour Montparnasse infernale" est un must (vu plus de dix fois avec mes nains, entre un Bergman et un Fellini bien sûr, bah oui), et j'ai adoré "Seuls Two", cet ovni hypnotique. Je sais que d'autres de leurs films ne sont pas des chefs-d'oeuvre, et alors ? Les artistes ont des failles, voyez Marie-Madeleine ! Les faiblesses, les mauvais choix, les compromis, et soudainement le truc qui tue ; et ainsi de suite, ça les rend plus humains. Donc j'attendais Platane avec l'impatience du gamer qui poireaute à l'entrée du Virgin pour acheter Resident Evil XII avant les Japonais. Eric tout seul, ou l'aventure éternelle des duos qui s'émancipent. Chacun veut respirer et montrer ce qu'il sait faire : j'imagine la pression sur les épaules du petit chauve. Le mec se fait plaisir, il met tout ce qu'il a... Bah ouais mon gars, et c'est bon, mais ouais, t'as bien fait p'tit bonhomme, t'as pas flanché, t'es un killer. Canal+ a donc diffusé trois épisodes à la suite. C'est la tendance, sinon il n'y a pas de place pour un tout seul. On nous les file par paquets, avec le risque d'avoir un gros paquet indigeste. Mais j'ai kiffé, comme ne disent même plus les jeunes. Le pitch : fin d'une soirée arrosée "chez Canal" pour fêter la nouvelle série "HP", suite de "H". Bourré comme un coing, il prend la route et se prend un chêne. Hein ? Un an de comas. Il se réveille et Ramzy a gaulé la vedette tout seul. Blast. Epiphanie. Il va faire son film d'auteur, tout seul, et montrer qui c'est Eric... Je ne veux pas déflorer ni rentrer dans le détail, mais ça se déguste comme des petits fours. Premier épisode qui déchire, deuxième pas mal, troisième excellent. Farandole de vannes, rencontres improbables, personnalités qui jouent leur propre rôle (exagéré, subtilement grossi), on se ballade dans l'auto-dérision et la caricature du monde de la télé, de la prod, des égos et des crevards. Dans le premier épisode, quand Eric est bourré dans les toilettes avec la directrice des programmes, j'ai pleuré. Lors d'une leçon sur la conduite en état d'ivresse donnée à des lycéens, je gloussais tout seul. Son stand-up devant les malades de l'hôpital est d'un humour froid exquis. Il y a mille pépites étonnantes, des vannes ciselées, des répliques anodines qui sortent de je ne sais où. Cerise sur le gâteau, les comédiens secondaires déchirent aussi, ce qui n'est pas si courant. Bien sûr, puisqu'il faut en passer par là, il y a parfois des facilités, des mouais, des "ok on l'a vue venir" ; mais sur la durée ça crée des contrastes, une atmosphère, et c'est vite rattrapé. Le gars Eric Judor s'est lancé dans une création de malade, à la frontière du réel et de la fiction, dans cette zone un peu floue où il se cherche lui-même de temps en temps. Mais cette errance participe à la folie du truc. Après trois épisodes, il a déjà réussi le pari de l'originalité. Forcément c'est un pari risqué. Forcément il y a des grincheux. Mais c'est super bon. Ouais mon gars, c'est bon ! J'te connais pas mais j'te kiffe.

(il faut que je demande à un jeune comment on dit kiffe maintenant)

Tag(s) : #canal+, #eric judor, #LE CURATOR, #platane, #ramzy, #serie
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